Goya et ses « absurdités » à Buenos Aires

Buenos Aires, 20 avril (EFE).- Les mariages sans amour, la cruauté des politiciens ou les mauvais traitements infligés à leur peuple, la douleur de l’exil… Ces sujets pourraient bien apparaître dans les médias ou sur l’agenda public aujourd’hui, mais Goya l’a dépeinte comme une il y a un peu plus de deux siècles dans sa série « la plus énigmatique » : les « Disparates ».

« Goya. Los Disparates. Hermetism, Subversion and Fantasy » est le nom de l’exposition qui permet aux visiteurs de ce jeudi au 27 août à Buenos Aires de voir cette série de gravures, comme « Los Caprichos », « Los Disasters of War » ou les soi-disant Black Paintings, art moderne avancé au début du 19ème siècle.

« L’art moderne-contemporain ne peut souvent être compris sans considérer cette connexion, que Goya était principalement à cause de cette question subjective si caractéristique du modernisme, et qu’il la pose précisément dans son travail enregistré, qui pourrait ne pas être autrement dans les Black Paintings, dans ces œuvres qui ont été réalisées sur commande », explique Patricia Nobilia, commissaire de l’exposition, à l’EFE.

L’exposition, installée au Musée d’art espagnol Enrique Larreta dans la capitale argentine, comprend 57 gravures, dont « Disparates », quelques « Caprichos » et « Désastres de la guerre », ainsi que des copies au crayon réalisées par le peintre aragonais Francisco de Goya. y Lucientes (1746-1828) a complété des œuvres de son admiré Diego Velázquez (1599-1660), comme « Los Borrachos ».

L’exposition est complétée par deux robes de style Goyesque appartenant à la collection du musée et par Eva Duarte « Evita », ainsi que divers livres d’auteurs qui ont écrit sur l’artiste de Fuendetodos à un moment donné.

Des écrits de Ramón Gómez de la Serna, un poème de Rafael Alberti, l’essai « Saturne » d’André Malraux ou encore « Los faros », texte intégré dans « Les Fleurs du mal », dans lequel Charles Baudelaire dédie une strophe à Goya cette référence littéraire que le conservateur met en avant car le musée est « la maison d’un écrivain », l’Argentin Enrique Larreta (1875-1961).

Le chercheur qualifie cette série de gravures d' »énigmatiques » car elles sont « les plus difficiles à interpréter » car il existe peu de traces écrites ou de commentaires contemporains qui donnent des repères ou des explications.

GOYA INTEMPOREL

« Dans le monde d’aujourd’hui, nous sommes en proie à des bêtises. Je ne peux penser à aucune bêtise en particulier pour le moment, il y en a trop », a déclaré Delfina Helguera, directrice du musée, à EFE.

Nobilia est pleine de l’idée que le célèbre portraitiste de la famille du roi Carlos IV et des personnalités de son temps critiquait des sujets de l’époque qui pourraient être « parfaitement transposés au présent ».

Parmi eux se détache la « bête absurde », appelée à l’origine « Autres lois pour le peuple », dans laquelle « un groupe de sages ou de juges se moque d’un éléphant qui représenterait le peuple, et cela en dit un peu sur la façon dont parfois le les gouvernants se moquent du peuple », décrit le chercheur.

Comme l’explique Nobilia, « de nombreux historiens ont dit que Goya considérait parfois la bêtise humaine comme quelque chose d’universel et d’intemporel ».

SUBVERSION ET FANTAISIE

Goya créa Los Disparates entre 1815 et 1824, peu avant d’émigrer en France, où il mourut quatre ans plus tard. Les gravures n’ont jamais été imprimées du vivant du peintre. Après sa mort, les 22 plaques de cuivre ont été héritées par son fils Francisco Javier, qui les a conservées jusqu’à sa mort en 1854.

Après divers hauts et bas, ces tirages sont passés par 18 exemplaires à l’Académie Royale des Beaux-Arts de San Fernando à Madrid et les quatre autres au Louvre à Paris.

Le commissaire précise que de nombreux experts ont interprété cette série « dans une tonalité carnavalesque » et que « l’une des caractéristiques du carnaval est de renverser l’ordre établi », alors que les images ont beaucoup à voir avec la « fantaisie », voire « avec le onirique ». « .

Pour cette raison, le musée propose également un jeu interactif avec le public, à qui une question est posée dès l’entrée dans l’exposition : « Pour vous… Qu’est-ce qui n’a pas de sens ?… dans votre école, au travail, dans votre pays, dans ta vie… » afin que les visiteurs aient leurs réponses écrites.

Pour Helguera, « c’est un privilège de ne pas avoir à voyager, de voir l’œuvre, de comprendre » l’œuvre de Goya dans cette exposition, qui comprend également des vidéos montrant la technique de gravure et les détails des plaques exposées, provenant d’un collectionneur privé.

Selon le directeur du musée, aujourd’hui l’artiste « peindrait sur les personnages de l’époque, des personnages populaires qu’il croise dans la rue, des hommes politiques, des acteurs » et fantasmerait même sur les « réseaux sociaux » sur un Goya qui « lui donnerait beaucoup de matériel ». .

Conception M. Moreno

Gilles Samson

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