Joséphine Baker, la résiliente sous les plumes du cabaret | culture et divertissement

Sous les plumes et les paillettes du cabaret parisien sophistiqué qui avait fait d’elle une star mondiale, Joséphine Baker était une résistante active pendant l’occupation nazie de la France, avec des missions qui l’ont conduite en Espagne.

Baker sera présentée ce mardi au Panthéon de Paris, la sixième femme à entrer dans le temple laïc où la France honore ses personnages les plus célèbres, et bien que ses mérites s’étendent bien au-delà du domaine militaire (notamment la rencontre qu’elle a favorisée entre les cultures et les races), son le travail pendant la Seconde Guerre mondiale est peu connu à l’extérieur de ce pays.

Née à Saint Louis (USA) en 1906 et venue à Paris en 1925 pour se produire dans des cabarets, elle devient une grande star.

Elle devient française en 1937, deux ans seulement avant le déclenchement du conflit qui la voit s’impliquer intensément dans son nouveau pays, où elle dit toujours se sentir libérée de la ségrégation subie par la minorité noire aux États-Unis.

A l’occasion de l’entrée de Baker au panthéon, le Service historique de la Défense (SHD) du ministère français de la Défense a divulgué tous les documents dont il dispose sur son travail dans la résistance puis dans l’aviation des Forces françaises libres (FFL). ) par le général Charles de Gaulle.

Baker a rejoint l’effort militaire dès le début, travaillant initialement pour les troupes françaises.

« Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, elle ne voulait pas être vue comme une chanteuse servant dans l’armée, mais comme une combattante qui chantait », explique Géraud Létang, historien du SHD, à l’EFE.

ESPIONNER POUR LA RÉSISTANCE

Après la chute militaire de la France en mai-juin 1940, avant l’avancée écrasante de l’armée nazie, Baker « décida de rejeter la défaite », refusa d’agir pour les forces d’occupation allemandes et commença à travailler avec le commandant Jacques Abtey, chef de l’armée parisienne, de collaborer avec le contre-espionnage FFL, avec qui il partageait les informations qu’il entendait dans la haute société parisienne.

« Ce qui explique l’implication de Baker, c’est qu’en France il trouve refuge entre un racisme qui referme ses tenailles : celui de la ségrégation américaine, dont il était sorti, et celui du nazisme qui accompagne la guerre », explique le chercheur.

Elle se rend en France libre sous le régime collaborationniste de Vichy, où son mari, l’industriel Jean Lion, est victime des lois antisémites du gouvernement du maréchal Pétain.

Baker a inclus des membres des services d’espionnage de la Résistance, déguisés en techniciens ou maquilleurs, avec Abtey comme agent, dans sa troupe artistique et leur a permis de se déplacer dans Vichy France pour collecter et transmettre des données précieuses.

Les partitions musicales contenaient des informations écrites à l’encre invisible.

SPY VOYAGE EN ESPAGNE ET AU PORTUGAL

Dans le cadre de ce programme, en novembre 1940, le chanteur entreprend un long voyage artistique à travers l’Espagne et le Portugal, deux pays dirigés par des dictateurs de droite et qui, du fait de leur neutralité dans le conflit, sont de véritables nids d’espions de tous les pays belligérants. .

L’obtention de passeports et de permis de voyage était beaucoup plus facile pour Baker que pour les espions recrutés dans son entreprise.

Bien qu’on ne sache pas quelles informations elle a transmises ou contribué à transmettre durant toutes ses activités, « le risque qu’elle a pris » en cas de détection est connu, rappelle Létang.

En 1941, après une grave maladie, il s’installe en Algérie, territoire français libéré par les Alliés fin 1942, et y rejoint l’aviation des Forces françaises libres du général De Gaulle, qui à l’époque ne bénéficient pas du soutien total de Washington et de Londres. , qui ont fait confiance au général Henri Giraud.

Baker a mis son talent, sa renommée et sa fortune (qu’il a entièrement perdue) au service de l’état-major de de Gaulle, qui a finalement pris les devants et réussi à placer la France sur un pied d’égalité avec les puissances alliées qui ont gagné la guerre en 1945.

En 1946, il reçoit la Médaille de la Résistance française. Les autorités la proposent à la Légion d’honneur à titre civil, mais elle sollicite une fonction militaire, dans laquelle elle reçoit le soutien de nombreuses personnalités de l’époque.

Après de longues délibérations, un compromis est trouvé en 1957 et le président René Coty signe le décret conférant à l’artiste la Légion d’honneur dans le grade civil, mais aussi la Cruz de Guerra avec Palma.

Décédé d’un accident vasculaire cérébral à Paris en avril 1975 à l’âge de 68 ans. Baker est enterré à Monaco.

Comme l’explique Létang, l’artiste est « un symbole » de deux catégories de personnes « qui ont joué un rôle fondamental dans la résistance et dont on parle peu en France : les femmes et les étrangers ».

Raphaël Canas

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