Jubilé de platine : 70 ans d’histoire d’un monarque affaibli qui refuse d’abdiquer | International

Sur le trône depuis 1952, Elizabeth II est le premier monarque britannique à célébrer un jubilé de platine et le second à célébrer des jubilés d’argent, d’or et de diamant, célébrations qui reflètent les changements de la société britannique et ses relations avec la monarchie.

Les Britanniques font la fête 70e anniversaire du règne d’Elizabeth II du jeudi 2 juin au dimanche, pendant l’appel Anniversaire de platine.

Un anniversaire de platine à célébrer une reine toujours très populaire dans son pays.

Fragilisé par des problèmes de santé et souvent remplacé par le prince Charles, son fils aîné, Elizabeth II rejette toute idée d’abdication ou de régence.

Le fait que les pubs soient autorisés à rester ouverts jusqu’à 1h du matin, soit deux heures plus tard que d’habitude, est un signe que quelque chose de très important se passe au Royaume-Uni.

D’aujourd’hui jusqu’à dimanche, les Britanniques célèbrent le jubilé de platine, le 70e anniversaire du règne d’Elizabeth II.

Elizabeth II est devenue reine en 1952 à l’âge de 25 ans, elle a aujourd’hui 92 ans.

Sa longévité exceptionnelle sur le trône la place au second rang après le roi Louis XIV de France et le roi Rama IX. Le troisième monarque ayant la plus longue durée de vie de Thaïlande et explique sans doute en partie son incroyable popularité.

« C’est devenu un monument national, un mythe vivant », s’enthousiasme l’historienne Philipppe Delorme*, spécialiste de la monarchie britannique et auteur des Premières années d’une reine.

« Si vous imaginez que votre Premier ministre était Winston Churchill et qu’il a porté l’uniforme pendant la Seconde Guerre mondiale ! C’est vraiment un personnage que tout le monde a toujours connu, la reine du 20e siècle et maintenant du 21e siècle. Cela explique la passion et même l’amour de ses sujets pour cette vieille femme, qui symbolise à la fois l’unité nationale et la continuité.

Un serment religieux pour marquer votre jubilé de platine

Cependant, en raison de ses problèmes de santé, la femme de 96 ans a de plus en plus de mal à exercer ses fonctions de reine.

A tel point qu’Elizabeth II a dû annuler de nombreux événements ces derniers mois et a multiplié les rencontres « virtuelles » avec ses interlocuteurs. Mais il ne s’agit pas d’abdiquer en faveur de son fils, le prince Charles.

« Lorsqu’il est monté sur le trône il y a 70 ans, il a prêté le serment religieux de porter la couronne jusqu’à sa mort. Ointe à l’abbaye de Westminster, elle est investie d’une mission sacrée », explique Philippe Delorme.

« Elle se croit reine à vie, donc contrairement à d’autres monarchies plus laïques comme la Belgique ou les pays scandinaves, elle n’envisage pas l’abdication », ajoute-t-elle.

RFI

transmission « douce »

Il ne s’agit pas d’une abdication, mais d’une passation de pouvoir « en douceur » entre Elizabeth II, son fils aîné, le prince Charles, et son petit-fils William.

A tel point que le 10 mai, le prince Charles a prononcé en son nom le fameux discours du trône, lu aux députés britanniques, que la reine n’avait raté que deux fois depuis son sacre.

« Le prince de Galles et William ont assumé toutes les fonctions représentatives, mais la reine reste le chef de l’Etat », explique le journaliste Marc Roche, auteur de Les Borgia à Buckingham.

« C’est elle qui dirige l’audience hebdomadaire avec le Premier ministre et signe également tous les documents officiels. »

Il serait donc faux de parler de « régence » : la Constitution britannique ne la prévoit qu’en cas de maladie mentale du souverain.

« Au contraire, nous sommes dans une situation de pouvoir délégué, ce qui convient parfaitement au peuple britannique car il admire suffisamment la reine et tout ce qu’elle a fait pour le pays pour ne pas demander une abdication. »

RFI

paillettes et glamour

Mais la reine n’est pas éternelle, bien que sa longévité exceptionnelle le laisse parfois penser.

Les opposants à la monarchie britannique, bien que minoritaires au Royaume-Uni, espèrent qu’une fois la page tournée sur Elizabeth II, leurs compatriotes voudront aussi tourner la page de la monarchie.

Cet espoir est anéanti par de nombreux observateurs qui soulignent l’attachement du peuple britannique à la Couronne.

« Quel intérêt ont-ils à changer de système et à avoir une république comme la France, où il y a un monarque républicain ? La monarchie britannique offre actuellement un très bon rapport qualité/prix pour l’effet touristique et pour son « soft power », c’est-à-dire son pouvoir d’influence », explique Marc Roche.

« La monarchie donne au Royaume-Uni quelque chose de plus ou quelque chose que les républiques n’ont pas : mythe, magie, faste, glamour, et les Britanniques y sont très attachés. Ils sont aussi conscients que la monarchie rend ce pays plus grand que sa taille réelle, qui est celle d’une puissance moyenne. Surtout après le Brexit. »

Malgier-Favager

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