La France se met en veille | Entreprise

Si une devise devait être définie pour l’été 2022 en France, ce serait « la sobriété énergétique ». Épargner, ou du moins éviter le gaspillage, c’est le nouveau mantra du gouvernement d’Emmanuel Macron et de villes comme Paris, qui veulent persuader citoyens et commerçants d’apporter leur grain de sable, ou plutôt leur kilowatt, d’économies. L’objectif est de réduire la consommation pour des raisons écologiques, oui, mais surtout face à un hiver qui s’annonce rude dans une Europe en proie aux menaces russes de fermer ses robinets de gaz.

Il faut s’habituer aux « petits gestes », dit le gouvernement d’Emmanuel Macron, comme éteindre les lumières dans les pièces inutilisées ou fermer les portes des magasins climatisés. Une mesure, cette dernière, qui sera également incluse dans le plan d’austérité que l’exécutif espagnol annoncera lundi et dont EL PAÍS a fait quelques points ce vendredi. Parallèlement, un cadre plus complexe d’accords, de décrets, de lois et de consensus institutionnels et du secteur privé est en cours d’élaboration. Tout cela pour réduire de 10% l’énergie consommée – gaz naturel, électricité et fioul – sur les deux prochaines années par rapport à 2019.

Vous y parviendrez ? La plupart des obligations annoncées et des décrets nécessaires n’ont pas encore été publiés ou ne sont pas encore entrés en vigueur, de sorte que la portée ne peut être estimée. Cependant, il y a déjà quelques étapes. A l’instar des villes de Lyon et de Bourg-en-Besse, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a pris un arrêté obligeant les entreprises à fermer la porte lorsque la climatisation est en marche, une autre mesure également adoptée en Espagne en entrera en vigueur. vigueur dans les prochains jours. Bien que les magasins aient eu la première semaine pour s’y habituer, le changement commence à se faire sentir. Dans la populaire rue du Commerce du 15ème arrondissement de Paris, une rue où de petits boutiques et les grandes chaînes de mode internationales, la plupart des commerces climatisés ont fermé leurs portes ce vendredi. Beaucoup avaient mis des pancartes sur la porte expliquant l’initiative aux clients et les invitant à entrer « dans la fraîcheur » ou à apporter leur contribution en fermant la porte en sortant.

Jusqu’à présent, la vendeuse de l’un de ces magasins a confié à EL PAÍS qu’ils ne fermaient la porte que les jours de grande chaleur. Depuis le règlement, ils le font tout le temps. La police est déjà descendue plusieurs fois dans la rue pour vérifier le respect de la norme, même si dans les premiers jours, comme le soulignent plusieurs commerçants, elle n’a averti que ceux qui ne respectaient pas la réglementation. Les amendes, dit-on, arriveront à partir de ce lundi et s’élèveront à 150 euros. Même si de nombreux petits commerçants craignent qu’un huis clos ne fasse fuir leurs clients – d’où les affiches d’information et l’invitation à entrer – la majorité des sondés jugent la réglementation « raisonnable » au regard du pouvoir imminent. coupes.

Les citoyens sont également appelés à apporter leur contribution. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a appelé à des « petits gestes » comme couper le Wi-Fi et débrancher un maximum d’appareils lorsque les familles partent en vacances, ou éteindre les lumières dans les pièces inoccupées. « Nous demandons aux citoyens de faire un effort. Ces gestes quotidiens ont un impact très important sur notre consommation électrique. Toute énergie que nous pouvons économiser ensemble aujourd’hui est une énergie que nous pourrons utiliser l’automne et l’hiver prochains », a déclaré Véran, qui a explicitement souligné qu’il s’agissait de recommandations et non d’une obligation.

L’idée derrière cela est d’éviter à tout prix que la sobriété énergétique soit perçue comme un nouvel effort, uniquement demandé aux citoyens ou aux petites entreprises. D’où le fait que la Première ministre Élisabeth Borne a appelé cette semaine ses ministres à faire preuve « d’exemplarité ». Par ailleurs, dans une circulaire envoyée mardi, il a souligné que toutes les mesures permettant de « réduire la consommation d’énergie et d’accélérer la fin des énergies fossiles » doivent être mises en oeuvre « immédiatement ».

Tous les bureaux publics sont appelés à limiter l’utilisation de la climatisation et du chauffage lorsque le froid s’installe. Le chef du gouvernement exhorte également les services publics à ne pas laisser les appareils électroniques à l’intérieur rester prêt éteindre « systématiquement » les lumières lorsqu’elles ne sont pas nécessaires, fermer les portes des bureaux d’accueil du public lorsqu’ils sont climatisés, et « encourager » l’utilisation des modes de transport « durables » pour le personnel, des véhicules partagés aux vélos ou véhicules électriques Voitures.

« Il est important que l’Etat fasse sa part » pour aider à réduire la consommation d’énergie de 10%, souligne Borne dans sa circulaire. Quelques jours plus tard, des images d’une dizaine de voitures officielles attendant la réunion ministérielle en Conseil des ministres avec leurs moteurs et climatisation en marche font polémique. « Il faut faire attention à tout », a reconnu Véran le défaut d’image et « l’exemplarité » du gouvernement.

Les principales chaînes de supermarchés et grands magasins du pays ont également convenu de mesures d’économie d’énergie « communes et spécifiques ». Lors d’une réunion des syndicats professionnels tenue mardi, ils ont adopté un protocole qui propose d’éteindre les enseignes lumineuses après l’heure de fermeture des locaux, de systématiser la gradation de l’intensité lumineuse avant l’arrivée du public et de réduire l’éclairage des points de vente dans la zone chaque fois que possible. Ils s’engagent également à baisser la température ambiante dans les points de vente ou à fermer les portes extérieures des magasins s’ils sont climatisés (indépendamment d’une amende comme à Paris). expliqué dans un communiqué.

« Nous devons tous agir ensemble de manière responsable et citoyenne », a déclaré Thierry Cotillard, président de Perifem, l’Association des acteurs de la distribution. Le protocole convenu a une date de début le 15 octobre, mais certaines des grandes marques qui se sont engagées dans les mesures, telles que Decathlon, Ikea, Fnac ou Leroy Merlin, assurent qu’elles ont déjà commencé à mettre en œuvre certaines des propositions.

Le gouvernement, quant à lui, continue d’organiser des réunions « sobriété énergétique » avec divers secteurs économiques – des entreprises aux entreprises numériques en passant par la construction – pour analyser les « feuilles de route » sectorielles pour les économies d’énergie jusqu’en septembre. La coordinatrice de ces rencontres, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, a également annoncé un arrêté limitant la durée d’éclairage des enseignes et enseignes lumineuses. Seule cette ordonnance, qui exige que les lumières soient éteintes entre 1 h et 6 h, existe depuis une décennie. Même si presque personne ne s’y tient.

Et c’est là que réside le principal danger de cette mesure massive de « sobriété énergétique » du gouvernement, avertissent certains experts : qu’il y ait beaucoup d’annonces mais peu de suivi et de vérification des résultats, voire une duplication des réglementations, comme celles sur les étiquettes, plutôt que assurer la conformité ou l’amélioration, comme B. l’allongement des heures d’extinction de l’éclairage publicitaire.

« N’importe qui peut faire des annonces », explique Anne-Marie Ducroux, porte-parole de l’Association nationale pour la protection du ciel nocturne et de l’environnement (Anpcen, pour son sigle en français), par téléphone. « Mais ce qui compte, c’est qu’il y ait un suivi, que les résultats soient mesurés et communiqués publiquement, donc la gouvernance de l’engagement est tout aussi importante que l’engagement lui-même. Au final, ce qui nous intéresse, ce n’est pas l’annonce, mais les résultats’ se souvient-il. Et cela, poursuit-il, nécessite un « plan d’action » qui n’a pas été discuté, du moins pas pour le moment.

L’Allemagne, devant le spectre du déchaînement social

L’ombre de la crise plane sur l’Allemagne. Et chaque crise est une chose : c’est une attaque qui menace le bien-être de la population. Après le sauvetage du géant gazier Uniper, le gouvernement d’Olaf Scholz s’est senti obligé d’apporter au public une « nouvelle amère » : un surcoût de plusieurs centaines d’euros par an à partir du 1er octobre et qui pourrait atteindre environ 1 000 euros pour une famille de quatre pays dont la moitié des logements chauffés au gaz déclarent Enrique Muller.

L’annonce de la poursuite inévitable de la hausse des prix de l’énergie a poussé le président de l’Institut allemand de recherche économique (DIW), Marcel Frazscher, à mettre en garde contre une explosion sociale imminente dans le pays le plus peuplé de l’UE : « L’impact des coûts réels de les clients doivent être complétés par un troisième programme de soutien pour les personnes à revenu moyen et faible ; sinon, cela mène à une catastrophe sociale. » Fratzscher a proposé une augmentation immédiate des prestations sociales de 100 euros par personne et par mois, avec un accent sur tous les ménages ayant un revenu inférieur à 40 000 euros par an.

Zacharie Morel

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