L’Iran a averti qu’il n’y aurait aucune pitié lors des manifestations contre la mort d’une femme en garde à vue

25 sept. 2022 – 17 h 04
Le président Ebrahim Raisi a exhorté hier la police à agir « fermement » face aux manifestations qui secouent le pays.

La justice iranienne a menacé aujourd’hui de ne montrer « aucune pitié » aux manifestants après neuf jours de protestations à travers le pays suite à la mort d’une jeune femme détenue par les brigades des mœurs, qui a fait plus de 40 morts.

Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a souligné la nécessité de prendre « des mesures fermes et impitoyables » contre les principaux instigateurs des « émeutes » du pouvoir judiciaire, selon l’agence de presse Mizan Online.

Hier, le président Ebrahim Raisi – qui est le plus haut responsable élu mais qui a de multiples instances d’autorité religieuse non élue au-dessus de lui – a demandé hier à la police d’agir « fermement » face aux manifestations qui secouent le pays.

La télévision d’État a déclaré que 41 manifestants et policiers ont été tués lors de manifestations qui ont éclaté la semaine dernière après la mort de Mahsa Amini après son arrestation par l’unité de police qui applique les normes morales islamiques.

Amini, 22 ans, a été arrêtée à Téhéran pour avoir prétendument porté le voile que les femmes en Iran et dans d’autres pays islamiques sont tenues de porter pour se couvrir la tête et la poitrine.

Il a perdu connaissance au poste de police et est décédé trois jours plus tard dans un hôpital, arrivant dans le coma. La police a déclaré qu’il avait fait un infarctus du myocarde, mais sa famille n’y croit pas, soulignant qu’il n’avait aucun antécédent cardiaque et qu’il n’avait que 22 ans.

Les manifestations sont dirigées par des femmes et soutenues par des secteurs réformistes de l’Iran qui prônent un assouplissement du caractère religieux de l’État et ont suscité des appels à évincer le clergé non élu qui dirige le pays.

La police a fait état d’environ 700 arrestations et le gouvernement, dénonçant que les manifestations étaient organisées et incitées par des pays hostiles, a appelé la justice à poursuivre rapidement les responsables des troubles.

Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Joseph Borrell, a réitéré aujourd’hui que l’usage « disproportionné » de la force contre les manifestants en Iran est « inacceptable ».

En soutien au mouvement qui a éclaté après la mort d’Amini, des manifestations ont eu lieu hier dans divers pays du monde, dont les États-Unis, la France, l’Espagne, le Chili et l’Irak.

Dans le même temps, les autorités ont de nouveau appelé à des rassemblements pour défendre le foulard et les valeurs conservatrices.

Le ministère iranien des Affaires étrangères a accusé les États-Unis, l’ennemi juré de l’Iran, de jouer un rôle dans les manifestations et a averti que « les efforts visant à violer la souveraineté de l’Iran ne resteront pas sans réponse ».

En outre, il a déclaré qu’au Royaume-Uni, des médias publiés en farsi, la langue parlée en Iran, ont créé une « atmosphère hostile » envers le pays et ont convoqué l’ambassadeur britannique à Téhéran pour protester, selon l’agence de presse Europa Press.

Le ministère a ajouté qu’il avait également convoqué l’ambassadeur de Norvège pour les propos « inquiétants » du président du parlement de ce pays, Masud Gharahjani, qui a commenté la situation des manifestations dans le pays sur son compte Twitter.

Le ministre iranien de l’Intérieur, Ahmad Vahidi, a déclaré qu’il espérait que « la justice poursuivra rapidement les principaux auteurs et dirigeants des troubles », selon l’agence de presse officielle IRNA.

Des rassemblements pro-gouvernementaux ont eu lieu aujourd’hui, l’événement principal ayant eu lieu sur la place Enghelab (Révolution) dans le centre de Téhéran, où les manifestants ont manifesté leur soutien aux lois obligatoires sur le port du foulard.

Les déclarations anti-gouvernementales sont les plus grandes manifestations en Iran depuis une vague fin 2019 contre une hausse du prix de l’essence. Ceux-ci ont été sévèrement réprimés et, selon un bilan officiel, ont fait 230 morts. Amnesty International a parlé de plus de 300.

Une ONG iranienne en exil basée à Oslo, en Norvège, appelée Iran Human Rights (IHR), affirme qu’au moins 54 personnes sont mortes lors de la répression des manifestations contre la mort d’Amini.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé aux États-Unis, 17 journalistes ont été arrêtés depuis le début des manifestations.

En Iran, entre autres, les femmes sont tenues de se couvrir les cheveux et le corps sous les genoux et ne sont pas autorisées à porter des pantalons serrés ou troués.

Le principal parti réformiste iranien a appelé hier l’État à lever l’obligation pour les femmes de porter le voile en public et à libérer les prisonniers. Lors des manifestations, plusieurs femmes ont brûlé leur voile. Des dizaines d’autres vidéos enregistrées de vous-même en train de vous faire couper les cheveux.

Amnesty International a accusé les forces de sécurité de « tirer délibérément à balles réelles sur les manifestants » et a appelé à « une action internationale urgente pour mettre fin à la répression ».

Internet est en panne depuis jeudi dernier, WhatsApp et Instagram sont restés bloqués. NetBlocks, un site Web basé à Londres qui surveille les blocages Internet dans le monde, a également signalé que Skype était bloqué.

Roselle Lémieux

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