La France a annoncé mardi le rapatriement de 35 mineurs de nationalité française et de 16 femmes des camps du nord-est de la Syrie où sont détenus des proches de jihadistes liés au groupe terroriste Etat islamique (ISIS). Le groupe de proches de ces enfants en France, qui réclame depuis des années le retour des mineurs, a célébré une nouvelle qui, espère-t-il, marquera le début d’un changement dans la politique au cas par cas de Paris qui affectera l’arrivée de ces mineurs sur le territoire français et refuse le retour des adultes, dont les mères, souvent accusés de participer à des activités djihadistes.
Selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères, les mineurs rapatriés ont été remis aux services de protection de l’enfance, qui seront chargés d’effectuer un « suivi médical ». Les 16 femmes, pour leur part, ont été « remises aux autorités judiciaires compétentes », indique la brève lettre officielle, qui remercie les autorités locales du nord-est de la Syrie « pour la coopération qui a rendu cette opération possible ». Alors les rapatriés sont arrivés Le Monde, à bord de deux avions spécialement affrétés par Paris pour l’occasion, dont un médicalisé, qui a atterri sur le territoire français à l’aube. Les femmes et les enfants ont été immédiatement séparés.
De son côté, le Parquet national antiterroriste a indiqué que sur les 35 mineurs, sept sont des enfants isolés, c’est-à-dire non accompagnés ou orphelins. L’un des mineurs refoulés a été placé en détention préventive car il s’agit d’un « jeune homme qui sera majeur dans les prochains jours » et qui est soupçonné d’avoir été impliqué dans une « organisation terroriste ».
Bien que les autres enfants renvoyés soient détenus dans des établissements pour mineurs, le parquet antiterroriste va désormais procéder à une « surveillance centralisée en liaison avec les parquets de proximité » de ces mineurs, selon les instructions du ministère français de la Justice. il dit.
Concernant les 16 femmes renvoyées, le procureur précise que 12 l’ont fait accompagnées de leurs enfants, tandis que quatre autres avaient déjà donné leur accord au cours des 12 derniers mois pour que leurs enfants rentrent seuls en France. Ils ont entre 22 et 39 ans et sont de nationalité française, à l’exception de deux dont ils ont des enfants. Ils restent tous en attente. La moitié sont en garde à vue « en exécution d’un mandat de perquisition ». Selon le parquet antiterroriste, les huit autres avaient un mandat d’arrêt.
L’Agence France Presse a identifié Emilie König, l’une des jihadistes françaises les plus connues, comme l’une des rapatriées. L’ancienne serveuse, mère de deux enfants, qui a quitté la France pour se rendre en Syrie, est accusée d’être un personnage clé dans l’endoctrinement et le recrutement de nouveaux agriculteurs pour le soi-disant la guerre sainte. C’est l’un des deux seuls Européens enregistrés en Liste des terroristes les plus recherchés du Département d’État américain.
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Ce Collectif Familles Unies, qui réunit des proches de ces mineurs et leurs mères et se bat depuis des années pour le rapatriement de leurs petits-enfants et filles, a révélé que certains des jeunes rapatriés sont orphelins et d’autres reviennent avec leurs mères, l’une d’entre elles dit-on est mourant et qu' »il risquait de mourir au centre de détention ». En tout cas, le retour des mineurs accompagnés de leur mère est une première dans le dossier français, qui, espèrent-ils, entraînera un changement de politique.
« C’est la première fois que la France rapatrie des enfants avec leurs mères depuis des camps de prisonniers syriens », soulignent les proches, affirmant que « cette première opération marque la fin d’années de politiques inhumaines ». « Nous espérons que ce rapatriement sonnera le glas des pathétiques politiques du ‘cas par cas’ qui cherchent à classer les enfants, à séparer les frères et sœurs et à arracher les enfants à leurs mères abandonnées dans les champs », ajoutent-ils.
Selon le groupe, 150 mineurs de nationalité française se trouvent toujours dans le camp d’Al-Roj et le gouvernement français est l’un des gouvernements européens qui a fait le moins d’efforts pour sauver ces jeunes, malgré la condamnation de sa politique par les institutions internationales. En février, le ministre français des Affaires étrangères de l’époque, Jean-Yves Le Drian, a réitéré son refus de réformer la politique du « cas par cas » qui permet le rapatriement des mineurs mais pas de leurs parents depuis la chute de l’Etat islamique en 2019.
« Pour les mineurs isolés, les orphelins et pour ceux dont la mère accepte leur départ, nous continuerons à mener des opérations extrêmement dangereuses », a déclaré Le Drian à France 5 lors de la récente élection de Catherine Colonna, désormais en charge de ce rapatriement conjoint des mères et des mineurs. . La semaine dernière, le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a déclaré que son bureau avait désormais la capacité de traiter les dossiers d' »une centaine de personnes supplémentaires », le nombre estimé de femmes françaises adultes détenues en Syrie. Une autre raison du changement de cap évident pourrait être la condamnation internationale multiple de la doctrine précédemment poursuivie par Paris.
« Notre pays s’isole de plus en plus en choisissant l’inhumanité et l’irresponsabilité, contrairement à l’Allemagne, la Belgique et bien d’autres pays européens », qui ont effectué plus de retours que la France, ajoute le communiqué des familles. Le Collectif des familles unies reproche à Paris de n’avoir rapatrié que 126 mineurs depuis 2016. Selon leurs calculs, 97 femmes et enfants européens ont été rapatriés en 2021. Seuls sept d’entre eux étaient français, tous mineurs. Du 1er janvier au 4 juillet, d’autres pays européens avaient rapatrié 65 enfants et 27 femmes, dont aucun Français.
L’Espagne, avec 17 enfants et trois femmes (plus un d’origine marocaine mais avec des enfants de père espagnol) hébergés dans les camps du nord-est de la Syrie, n’a pas procédé à des rapatriements.
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