De outsider politique à président réélu : qui est Emmanuel Macron ?

Antisystème, libéral, européen, caméléon, innovant, séducteur et même opportuniste sont quelques-uns des adjectifs attribués à Emmanuel Macron. Difficile à rentrer dans les catégories traditionnelles de la politique française, l’actuel président a exprimé sa quête d’une sortie des étiquettes.

Un but qui a captivé de nombreux électeurs en 2017 et secoué la politique de ses adversaires. Les drapeaux du changement ont rapidement propulsé Macron dans l’arène politique bien qu’il ne se soit pas présenté aux élections populaires.

Macron s’est donc adressé aux Français traditionnellement fatigués de faire la fête, promettant de mettre fin aux pratiques à peau dure de la droite comme de la gauche. Il leur a assuré que la France se relèverait et a finalement battu la candidate d’extrême droite Marine le Pen avec plus de 66% des voix au second tour.

Emmanuel Macron est arrivé à la présidence par le biais d’un mouvement politique qu’il a lui-même fondé : « En marche ! ». © Gonzalo Fuentes/AP

Le président des « inédits »

Lorsqu’Emmanuel Macron est arrivé à l’Élysée en 2017, il est devenu le plus jeune président de la République française. Un exploit historique d’autant plus remarquable qu’il a remporté les élections à la tête d’un mouvement politique de sa propre création qui n’avait pas d’élus.

Juste un an avant de se déclarer vainqueur, l’actuel président proclame son mouvement En marche !. (En Marche !) à Amiens, sa ville natale.

Macron est né en 1977 dans une famille de médecins, son père était professeur de neurologie et sa mère pédiatre et consultante médicale. Il a deux frères qui ont suivi le chemin de leurs parents. Seulement, il s’est consacré à la politique.

Macron y a également fait les premiers pas de sa formation. Il étudie au Collège des Jésuites de la Providence à Amiens et étudie le piano au Conservatoire de cette ville. Il part faire son bac au Lycée privé Henri IV à Paris.

Bien des années plus tard, cette ville du nord de la France marque le début de sa carrière politique, qui trouve très vite de fidèles partisans et le conduit à la présidence.

Emmanuel Macron a lancé son mouvement politique dans sa ville natale d’Amiens environ un an avant d’être élu président. © Laurent Cipriani/AP

Maintenant, lui et son mouvement politique « En Marcha! » Vous faites face à de nouvelles élections. Le président est actuellement en tête des sondages.

L' »anti-système » dans le système

Un « outsider », c’est ainsi qu’Emmanuel Macron se définit. Un anti-système détaché de la politique traditionnelle. Pourtant, son parcours à l’Elysée était loin de rompre avec les modèles classiques et l’élite du pays.

Après des études de philosophie à l’université de Nanterre, Macron entre à l’Institut des sciences politiques (« Sciences Po »). Un parcours académique qui s’est terminé à l’École nationale d’administration (ENA), l’une des plus prestigieuses du pays, choisie par nombre de ceux qui ont fini par occuper les hautes fonctions françaises.

Peu de temps après, Macron est passé d’inspecteur financier aux postes les plus importants de Rothschild et Compagnie, l’une des banques d’investissement les plus renommées de France.

Il y était chargé de superviser l’acquisition d’une filiale de Pfizer par Nestlé. Un contrat qui a dépassé les 10 000 millions de dollars et qui a rapporté au président actuel des millions de bénéfices.

Cependant, Macron a quitté le secteur privé pour se reforger une carrière politique dans le secteur public. Celle qui a commencé en 2012 lorsqu’il a été nommé secrétaire général adjoint de la présidence de François Hollande. Et en 2014, il devient ministre de l’Économie, des Loisirs productifs et du Numérique.

Sous le mandat de François Hollande, Macron occupait le poste de ministre de l’Economie. © Thibault Camus/AP

Son temps dans ledit portefeuille n’a pas été sans controverse. Le président a proposé une loi portant son nom pour « la croissance de l’activité et l’égalité des chances économiques ».

Sur le papier, l’ordonnance prévoyait un certain nombre de réformes, comme l’allongement des horaires d’ouverture dominicale des commerçants, l’accélération des procédures devant le conseil des prud’hommes ou la modification du règlement sur les licenciements collectifs.

Cependant, la loi a suscité la colère d’une grande partie de la population française et même l’opposition du Parlement. Ses détracteurs ont affirmé qu’il allait à l’encontre des idéaux «socialistes» français.

Le gouvernement a même dû invoquer l’article 49, peu utilisé en France, pour renoncer au vote des députés et l’autoriser en 2015.

Peu de temps après, Macron a quitté le gouvernement et a présenté sa candidature de manière indépendante mais avec une solide proximité avec le pouvoir politique et économique.

Ni droite ni gauche ?

« Faut-il être de gauche pour être touché par le discours de François Mitterrand sur l’Europe quelques semaines avant sa mort ? Faut-il être de droite pour être fier lors du discours de Jacques Chirac au Vel d’Hiv ? Non, il fallait que ce soit français », a expliqué Macron dans l’un de ses discours à Lyon.

Macron justifie ses sauts idéologiques continus par la nécessité de briser le clivage gauche-droite et de « refonder par le bas ».

Dans son autobiographie, Revolución, il se dit de gauche, mais représente en même temps le « centrisme ».

Et si son manque de définition est l’un des aspects qui lui a valu le soutien des deux côtés de l’échiquier politique, c’est aussi l’une de ses qualités les plus critiquées par ses adversaires : son incapacité à prendre parti.

Alors montre le portail ‘initié‘, Macron s’est montré « progressiste » sur les questions sociales, s’est vendu comme « libéral » sur les questions économiques, a défendu la déréglementation, baissé les impôts sur le capital et augmenté le salaire minimum.

Cependant, le milieu « L’Ordre du Monde », affirme que Macron a connu un virage important vers la droite au cours de son mandat. En partie expliqué comme une stratégie pour gagner des votes de l’électorat conservateur lors de la prochaine élection.

Preuve en est la nomination en 2020 du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, un conservateur sympathisant avec certains mouvements d’extrême droite. Dans le même temps, la loi sur la sécurité mondiale et la loi contre le « séparatisme religieux » gagneraient de nouvelles voix de la droite.

Le « maître » de l’image

Il suffit de regarder de près le premier discours d’Emmanuel Macron en tant que président élu de la France pour confirmer que le leader d' »En marche ! » est un maître de l’image. La mise en scène devant l’emblématique Louvre, ses paroles nonchalantes et ses éclairages vont de pair avec la promesse du Président de faire revivre la France, de la faire briller à nouveau.

Par conséquent rencontre Moussa Bourekbachercheur au Centre des affaires internationales de Barcelone, marque dès lors une rupture avec son prédécesseur François Hollande, voulant « montrer le statut traditionnel de président de la République tel que le concevait le père de la Ve République, Charles de Gaulle : le un homme providentiel, « pierre angulaire » des institutions et « arbitre » des contingences politiques ».

Pendant sa campagne électorale mais aussi pendant la présidence, Macron a constamment eu recours au symbolisme. Il a également créé une image détendue mais élégante qui essaie de paraître jeune et confiante à la fois. Macron fait attention aux détails, y compris son choix de cravates.

Macron s’est adressé à ses partisans devant le Louvre en mai 2017 après avoir remporté l’élection présidentielle. AP – Thibault Camus

De plus, son utilisation de la langue était l’un des aspects qui revenait dans chacun de ses discours. C’était peut-être l’une des grandes leçons d’une de ses grandes passions : le théâtre.

Le Président a également rencontré son épouse Brigitte Trogneux sur scène. Une histoire d’amour qui a commencé lorsque Macron avait 17 ans. Elle était plus nombreuse que lui de 24 ans, avait des enfants et était mariée.

Malgré le refus de la famille Macron, ils se marieront en 2007. Une relation qui a également porté atteinte à leur image, ce qui selon les médias a été le cas ‘Le Soleil’ elle est prise en charge par la spécialiste Michèle Marchand.

Le pro-européanisme, un autre drapeau Macron

Dès le début de sa campagne, Macron a défendu sa position pro-européenne. Le président s’est engagé à renforcer l’UE au cours de son mandat et à être l’un de ses leaders dans ce voyage. Arrivé récemment à l’Elysée, le président s’est rendu dans plusieurs pays du bloc, qui ne sont pas des destinations habituelles pour les présidents français.

Désormais, Macron se doit de prendre les rênes de la présidence tournante de l’Union européenne. Une période de six mois coïncidant avec sa propre campagne électorale.

Devant l’escalade de la guerre en Ukraine, Macron a tenté de jouer le rôle de médiateur, échangeant le dialogue avec les présidents des deux pays. © Gérard Julien/AP

Peu avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, Macron avait promis une Europe « plus sûre », « plus humaine » et « plus puissante » aux portes du bloc. Le président s’est révélé être le leader et le médiateur du conflit, l’un des défis à relever selon les résultats du 24 avril.

Adrien Richard

"Amateur de café d'une humilité exaspérante. Spécialiste de l'alimentation. Faiseur de troubles passionné. Expert en alcool diabolique."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *