La visite de Mohamed ben Salmane à l’Elysée suscite colère, « indignation » et division en France

Le président français Emmanuel Macron reçoit le prince héritier saoudien Mohamed ben Salmane le 28 juillet à l’Elysée. Cette visite critiquée est la première en Europe depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par des agents saoudiens présumés, qui a suscité l’ire des défenseurs des droits de l’homme. HH. réclamant justice pour ce meurtre. La fiancée du journaliste s’est dite « choquée et indignée » par cette rencontre qui se déroule dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la hausse des prix de l’énergie.

Le déjeuner de travail prévu ce jeudi 28 juillet à l’Elysée entre le prince héritier saoudien Mohamed bin Salman (MBS) et le président Emmanuel Macron a déclenché une cascade de réactions en raison du contexte dans lequel il se déroule.

Il s’agit de la première visite de MBS en Europe depuis le meurtre en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi par des agents présumés de Riyad en Turquie, qui a provoqué l’ire des défenseurs des droits de l’homme qui ont depuis demandé justice pour le meurtre du journaliste, menaçant la scission de la classe politique française.

« Je suis choqué et outré qu’Emmanuel Macron ait reçu le bourreau de ma fiancée avec tous les honneurs. L’augmentation des prix de l’énergie due à la guerre en Ukraine ne peut se justifier qu’au nom d’un prétendu realpolitikl’acquittement des responsables de la politique saoudienne envers les opposants politiques, qui a entraîné sa mort, comme ce fut le cas pour Jamal », a déclaré à l’AFP Hatice Cengiz, la fiancée de Khashoggi.

Défenseur DD. HH. Ils critiquent la décision de l’Elysée

Avant les propos de Cengiz, deux ONG étrangères ont porté plainte ce jeudi matin contre MBS pour complicité de torture et pour disparition forcée de Khashoggi.

« Le document de 42 pages indique que MBS ne bénéficie pas de l’immunité de poursuites car, en tant que prince héritier, il n’est pas un chef d’Etat », ont déclaré les ONG fondées par Jamal Khashoggi Democracy for the Arab World Now (DAWN) et Trial International dans un communiqué. communiqué partagé fait référence au média radio ‘Franceinfo’.

« Les juridictions françaises ont le pouvoir d’ouvrir une enquête judiciaire contre tout suspect présent sur le territoire national au moment du dépôt de la plainte », quel que soit le lieu où les crimes dénoncés ont été commis, selon l’avocat de l’ONG, Henri Thulliez, consulté. par l’AFP.

Cette visite en France est « une honte », a déclaré à la chaîne Abdullah Alaoudh, directeur de la région du Golfe de DAWN. « Nous pensons que MBS essaie de résoudre ses crimes. Il a soutenu les chefs de guerre en Libye et ailleurs », a-t-il déclaré.

Reporters sans frontières (RSF) a également exprimé son opposition à cette visite. « Près de quatre ans après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, la réinsertion de Mohamed Bin Salman dans les relations internationales ne signifie rien d’autre qu’un mépris de la vérité et de la justice », a déclaré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.

Deloire a exhorté Macron à exiger du prince héritier la libération des 27 journalistes et blogueurs actuellement emprisonnés dans ce pays et à permettre la libération de Raif Badawi, qui est détenu après dix ans de prison.

De son côté, sur son compte Twitter, l’écologiste de la Nupes Coalition Sandrine Rousseau a énuméré les raisons qui auraient pu justifier un refus d’accueillir le prince héritier saoudien.

« (MBS) sanctionne l’homosexualité par la peine de mort, accorde un statut inférieur aux femmes, achète des armes à la France pour tuer des civils au Yémen, ordonne l’assassinat de Jamal Khashoggi. »

Et il poursuit : « MAIS (il) a de l’huile ALORS il sera reçu à l’Elysée », a proclamé Rousseau.

L’argument défendant la visite de MBS

La présidente du groupe macroniste à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, a défendu le meeting.

Dans des déclarations à franceinfo, il a justifié la visite, arguant que « le dialogue avec tous les pays du Golfe est une nécessité absolue », tout en estimant qu' »il ne s’agit pas d’oublier des questions essentielles liées aux valeurs et aux droits des peuples ».

Bergé a souligné que Macron « a besoin de recevoir certains interlocuteurs » et a rappelé que Joe Biden lui-même s’était récemment rendu à Riyad, ce qui « a démontré la nécessité de mener un dialogue approfondi avec les pays du golfe Persique ».

Pour sa part, la Première ministre Elisabeth Borne a déclaré qu’il ne s’agissait pas d' »abandonner nos principes » ou de « remettre en cause notre attachement aux droits de l’homme ».

Quelques minutes plus tard, l’Elysée, qui n’a pas encore publié tous les points de l’ordre du jour de travail, a annoncé qu’Emmanuel Macron évoquerait la « question des droits de l’homme » lors de leur réunion.

La guerre en Ukraine et les coûts de l’énergie ramènent MBS sur scène

Les dirigeants occidentaux avaient évité de rencontrer le prince depuis l’assassinat de Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul, et suite à un rapport américain liant Bin Salman au crime, jusqu’à ce que Macron lui-même rompe l’isolement et lui rende visite à Riyad en décembre 2021.

D’autres dirigeants ont suivi plus tard, comme le Premier ministre britannique Boris Johnson. Et il y a quelques semaines, le président des États-Unis, Joe Biden.

Ce qui laisse entendre, comme l’explique à franceinfo le journaliste George Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient, « l’Arabie saoudite est incontournable, et c’est encore plus vrai de la crise ukrainienne. Nous avons besoin de pétrole saoudien », répond pour MBS la scène politique internationale.

La rencontre critiquée entre Macron et Bin Salman ne sera accessible qu’aux photojournalistes car, selon l’Elysée, ils ne prévoient pas de commentaire.

Avec l’AFP, l’EFE et les médias locaux

Adrien Richard

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