Le trafic d'ordures qui peut faire de l'Espagne la décharge de la France : l'Aragon est la plus touchée

Un camion passe le poste frontière du Somport (Huesca) entre l'Espagne et la France. (Verónica Lacasa/Europa Press)

L'Espagne pourrait devenir la décharge du sud de la France si le transport de camions traversant nos frontières avec des déchets municipaux non traités, parfois dangereux, en provenance de communes françaises pour être enfouis dans des décharges espagnoles, notamment en Aragon, se poursuit. Et bien que les données soient une estimation, des contrôles aléatoires effectués par les forces de sécurité espagnoles et françaises montrent ce résultat : un camion sur trois est intercepté à la frontière avec l'Espagne. transporte des déchets illégaux.

Afin de prévenir ou du moins de contenir cela, la Guardia Civil et la Gendarmerie française ont lancé l'initiative opération commune Augenas sur le contrôle transfrontalier du commerce des déchets, avec un accent particulier sur Irun (Gipuzkoa). Le commandant Carlos Astrain, de l'Unité Centrale d'Environnement Opérationnel (UCOMA) de Seprona, en a parlé avec l'agence EFE, qui rappelle que le but de ce dispositif est d'obtenir des informations qui conduiront à terme à l'ouverture d'enquêtes plus spécifiques. .

Il y en a déjà eu, comme celle dite de Poubelle, signalée le mois dernier par la Guardia Civil et qui a conduit au démantèlement d'une organisation criminelle qui aurait gagné 16 millions d'euros depuis 2020 après que des sociétés françaises de collecte de déchets ont fait appel à leurs services pour obtenir débarrassez-vous d'eux et enterrez-la dans une décharge à Saragosse.

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Pourquoi est-ce une bonne affaire de ramener en Espagne les déchets – non traités ou triés – que les Français jettent dans les containers de leurs collectivités de la région bordelaise, de la Côte d'Azur ou du Pays Basque français ? L'explication est simple. En France, la gestion d'une tonne de déchets municipaux, c'est-à-dire son traitement et son élimination, coûte 250 euros, dont 50 euros de taxes. En Espagne, le coût, taxes comprises, est de c'est 40 euros.

C'est pourquoi les groupes organisés qui ont vu la richesse de cette activité illégale ont très bien fait le calcul : un camion transportant 20 tonnes de déchets paierait 5 000 euros de gestion en France, taxes comprises (20 tonnes). pour 250 euros pièce). En Espagne, le coût serait d'environ 800 (20 tonnes pour 40 euros pièce).

La soustraction est facile. Et si l'on déduit les frais de carburant et le salaire du chauffeur, les chercheurs estiment que les organisations criminelles peuvent réaliser un bénéfice d'un peu plus de 3 000 euros par camion. Avec une entrée quotidienne de 10 à 20 véhicules, le bénéfice s'élèverait à 30 000 à 60 000 euros par jour.

C'est un calcul à la baisse. Car, comme l'explique Astrain, lors des contrôles effectués par la Gendarmerie et la Garde Civile dans le cadre de l'Opération Augenias – qui sont effectués plusieurs fois par an pendant trois jours – sur 120 camions interceptés par les agents, entre 35 et 45 ont été signalé. pour le transport de déchets non traités. La zone avec le plus grand afflux de camions est la frontière d'Iruncomme vérifié lors de ces contrôles.

Selon les enquêtes menées, le mode opératoire identifié montre que des entreprises françaises et espagnoles – en l'occurrence principalement basées en Catalogne et en Aragon – sont liées pour mener à bien cette activité illégale en utilisant des méthodes apparemment légales.

Dans le cas de la France, il s'agit d'entreprises concessionnaires de collecte des déchets ménagers qui, en accord avec d'autres entreprises espagnoles, transportent les déchets municipaux vers notre pays sans les éliminer au préalable, de manière à ce que tout, depuis les ordures, puisse être retrouvé. en canettes. Peinture, piles, solvantsProduits de nettoyage, etc. Certains d’entre eux sont très toxiques.

Astrain rappelle à EFE que la législation espagnole et européenne interdit l'importation en Espagne de déchets de ce type en provenance d'autres pays, avec le principe que chaque pays doit assumer sa responsabilité. Oui, les personnes qui ont déjà été soignées peuvent entrer. Les organisations criminelles font donc semblant de le faire et fournissent les documents correspondants.

Et pour que tout paraisse légal et qu'ils puissent passer les contrôles s'ils sont interceptés, Les premières couches du chargement sont des déchets non dangereuxPar exemple, le papier ou le carton, qui sont transportés comme classés et peuvent donc être éliminés dans une décharge espagnole. Dans d’autres cas, il s’agit de décombres de construction. Cependant, les déchets municipaux non traités se trouvent sous ces couches.

Dans tous les cas, en cas de découverte, ce sera la sanction administrative correspondante imposée par la Communauté Autonome concernée. Mais cette amende, bien que élevée, ne freine pas les activités lucratives déjà entre les mains des groupes criminels.

Pour l'Espagne, cette activité représente un problème environnemental majeur : enfouir des tonnes de déchets non traités, comme cela se fait dans la décharge de Saragosse, peut causer des dommages importants aux écosystèmes et à la santé de la population à proximité de ces installations. Il existe déjà des exemples de dommages sanitaires causés par des activités similaires en Italie.

Pour la France, le problème est fiscalen raison des sommes importantes d’euros qui n’arriveront plus dans leurs caisses si ces entreprises ne paient pas d’impôts.

La Guardia Civil et surtout Seprona ont fait de la lutte contre le commerce des déchets une de leurs priorités, tout comme la Gendarmerie française. Les délits environnementaux, notamment le trafic d'ordures, constituent déjà le quatrième crime le plus important au monde, après le trafic de drogue, le trafic d'êtres humains et la contrefaçon.

Selon les études actuelles, rien que dans l'Union européenne, le commerce illégal de déchets génère un revenu annuel de entre 4 000 et 15 000 millions d'euros.

(Information préparée par Sagrario Ortega, de l'Agence EFE)

Zacharie Morel

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