L’Espagne, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et l’Italie approuveront le taux minimum de 15% pour que les multinationales contournent le chantage d’Orbán

Les principales économies de l’UE sont sur le point de contourner le blocus de Viktor Orbán et d’introduire l’impôt minimum de 15 % sur les grandes entreprises. C’est ce qu’ont annoncé l’Espagne, l’Allemagne, la France, l’Italie et les Pays-Bas ce vendredi lors de la réunion des ministres des Finances de l’UE à Prague.

Lors d’une comparution conjointe à Prague, la vice-présidente Nadia Calviño a déclaré : « Les engagements du G20 et de l’OCDE doivent être intégrés dans l’ordre juridique européen. Nous devons avancer. À l’heure actuelle, nous devons nous assurer qu’il n’y a pas de concurrence d’en bas et que les grandes entreprises contribuent au coût de la guerre.

Les cinq pays souhaitent que la taxation effective minimale globale soit appliquée en 2023, qui ne dépend que de la Hongrie. « Alors que l’inflation frappe durement le pouvoir d’achat de nos concitoyens, les entreprises doivent payer leur juste part du fardeau pour atténuer les effets de la crise énergétique mondiale », déclarent les cinq directeurs financiers d’Allemagne, d’Espagne, de France, d’Italie et des Pays-Bas : « Par conséquent, nous affirmons aujourd’hui notre engagement accru en faveur de la mise en œuvre rapide de l’impôt minimum mondial sur les sociétés. C’est un levier central pour plus de justice fiscale à travers une lutte plus efficace contre l’optimisation et l’évasion fiscale.

Les ministres rappellent que lors de la réunion Ecofin de juin 2022, 26 des 27 États membres de l’UE « ont exprimé leur volonté de mettre en œuvre cette étape importante vers la justice fiscale et notre premier objectif reste de parvenir à un consensus. Si l’unanimité n’est pas atteinte dans les prochaines semaines, nos gouvernements sont déterminés à honorer notre engagement. Nous sommes prêts à mettre en œuvre l’imposition minimale effective mondiale en 2023 et par tous les moyens légalement possibles. Nous nous engageons également à achever les travaux sur la meilleure façon de redistribuer les droits fiscaux sur les bénéfices des grandes multinationales mondiales, avec l’objectif de signer un accord multilatéral d’ici la mi-2023. »

La déclaration est signée par Christian Lindner, ministre fédéral des Finances; Nadia Calviño, vice-présidente et ministre de l’Économie d’Espagne ; Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie ; Daniele Franco, ministre de l’Économie de l’Italie ; et Sigrid Kaag, ministre des Finances des Pays-Bas.


Le chantage d’Orbán

Comme le rappellent les cinq ministres, juin était le mois au cours duquel l’UE prévoyait d’approuver la taxe de 15 % sur les entreprises multinationales. Mais non. Lors de la précédente réunion Ecofin, les ministres des Finances avaient confirmé le veto de la Pologne, qui dépendait en fait du déblocage par la Commission européenne de son fonds de relance – 36 milliards d’euros -, ce qu’elle a finalement fait à condition que la Pologne s’attaque à la décolonisation politique du système judiciaire.

La Pologne a obtenu cette autorisation et a ensuite levé son veto contre la nouvelle taxation. Mais désormais, le veto vient de son vieil allié la Hongrie, dont le plan de relance est également bloqué en raison de ses tendances autoritaires, ce qui a même conduit la Commission européenne à activer le mécanisme de conditionnalité en raison de la corruption constatée dans l’administration des fonds européens.

Le veto d’Orbán sur la taxe va de pair avec les tensions de Budapest avec les 26 au sujet des sanctions contre la Russie.

« La Hongrie ne peut pas soutenir la proposition de directive sur le taux minimum mondial pour le moment, le travail n’est pas encore terminé, je pense que nous devons poursuivre nos efforts pour trouver une solution », a déclaré le ministre hongrois de l’Economie Mihály Varga à Ecofin.

Ce faisant, Orbán a finalement concrétisé sa menace d’opposer son veto à un impôt minimum de 15 % pour les entreprises multinationales, en vertu de l’accord conclu au niveau international à l’OCDE l’été dernier.

La proposition de l’OCDE d’octobre dernier comportait deux piliers.

Le premier pilier stipule que 25% des bénéfices des entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 20 000 millions de dollars (environ 19 000 millions d’euros) et une rentabilité supérieure à 10% doivent être imposés dans les pays dans lesquels elles opèrent . Exercer. Selon l’OCDE, le premier pilier toucherait près des 100 plus grandes multinationales – Google, Facebook, technologie, etc. – et rapporterait environ 125 000 millions de dollars (119 000 millions d’euros) par an aux pays et territoires concernés.

Le deuxième pilier, débattu ce vendredi à l’Ecofin, introduit un taux minimum global de 15% qui s’appliquerait aux entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros. L’Observatoire budgétaire de l’UE a calculé que les États de l’UE pourraient gagner environ 80 000 millions d’euros par an grâce à la réforme.


Roselle Lémieux

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