Le processus frénétique de réforme des retraites en France fragilise le Premier ministre

MADRID, 17 (EUROPA PRESSE)

Borne, un ancien socialiste désormais intégré au parti de Macron, est devenu Premier ministre en mai 2022 après être passé par les ministères notamment du Travail, de la Transition écologique et des Transports. Avant elle, sous la Ve République et il y a plus de trois décennies, une seule femme avait été Premier ministre : Edith Cresson, qui a occupé le poste entre 1991 et 1992.

Macron a récompensé « une femme de conviction, d’action et d’accomplissement » et lui a confié la tâche complexe de diriger un cabinet qui n’a pas de majorité solvable au parlement. Ce manque de soutien s’est traduit par une envie constante au cours des derniers mois de mettre en œuvre toutes sortes de lois que Borne a dû défendre.

Le gouvernement a invoqué à plusieurs reprises l’article 49.3 de la Constitution, qui lui permet de réaliser un projet sans requérir l’assentiment de l’Assemblée, mais au détriment de la confiance des législateurs dans le gouvernement lui-même.

Le recours à cette voie constitutionnelle permet aux groupes d’opposition de déposer automatiquement une motion de censure, comme cela a été fait à plusieurs reprises. Cependant, ces motions nécessitent une large majorité, et même les groupes de gauche de Jean-Luc Mélenchon n’ont jusqu’à présent pas réussi à s’unir à l’extrême droite de Marine Le Pen.

REJET SOCIAL À LA RÉFORME

Cependant, l’affaire de la réforme des retraites est un coup porté à la ligne de flottaison du gouvernement, car le projet a été clairement contesté non seulement au parlement mais aussi dans la rue. Les syndicats organisent déjà des manifestations depuis huit jours et préparent la neuvième pour jeudi prochain.

Selon les sondages, huit citoyens sur dix s’opposent à une réforme qui relève l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, allonge la durée de cotisation requise pour toucher la pension maximale et supprime les réglementations particulières pour certains syndicats. Borne a déclaré qu’il s’agissait d’une réforme « nécessaire », plaidant à nouveau lors d’une session parlementaire tendue jeudi, où il a entendu des cris de « démission » et « La Marseillaise » de la part de députés de gauche.

Au cours de la même séance, Borne a rendu public ce que le Conseil des ministres avait précédemment convenu : que l’exécutif se rabattrait à nouveau sur le 49.3 et éviterait ainsi une défaite prévisible. Avant cette étape, selon un sondage publié par RTL, 82% des Français pensaient que c’était « quelque chose de mal » que le gouvernement ait de nouveau resserré la corde.

La série de controverses a érodé l’image de Borne, qui oscille à des niveaux de popularité proches de 31%, selon un récent sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio et ‘Paris Match’. Macron, en revanche, est légèrement en hausse et oscille autour de 37 %.

LA « CONFIANCE » DE MACRON

Malgré l’usure du Premier ministre, ses propres collègues ont peiné ces dernières heures à montrer que sa continuité n’est pas en péril, du moins pour l’instant. Les formations d’opposition se poursuivent comme alternative à l’Assemblée nationale et Macron maintient sa confiance dans le Borne, selon plusieurs ministres.

Il a « le soutien de la majorité et la confiance du président », a déclaré vendredi le ministre du Travail Olivier Dussopt, s’adressant à BFMTV. Le porte-parole de la direction Olivier Véran a également fait appel à cette « confiance » dans une autre interview à France Inter.

« C’est une femme d’État courageuse », a déclaré le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester, qui a tenu à saluer les efforts de Börne pour parvenir à un consensus et qu' »ils ont porté leurs fruits dans d’autres textes ».

Adrien Richard

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