Le puissant thriller français de Netflix que vous n’avez pas encore vu

Marseille est la deuxième plus grande ville de France et la plus ancienne du pays. Les éternels casse-tête du gouvernement en place : trafic de drogue, pauvreté, services publics diminués, luttes sociales, infrastructures en déclin, tourisme… Un endroit difficile à gérer, à l’image des Ultras du Olympique de Marseille, son équipe de foot quand la saison va mal. Le Président de la République Emmanuel Macrona annoncé une injection de millionnaire pour relancer la campagne électorale présidentielle. Parmi les mesures dont il parle figurent la construction d’un nouveau commissariat et le renforcement de la police par 200 agents supplémentaires. Maire, Benoît PayanIl pense que c’est une farce.

Le Bronx français

Si Paris est la capitale cinématographique de l’amour, Marseille est la capitale du crime. A l’apogée du film noir et des villes policières comme New York, Los Angeles ou Chicago. le glamour Borsalino (Jacques Deray, 1970), recrée les années 1930 dans la ville française où – dans le monde réel – il fait ses premiers pas dans le commerce de l’héroïne. Un succès au box-office qui a fait découvrir au public l’irrésistible duo Jean-Paul Belmondo Oui Alain Delondeux méchants en concurrence avec la mafia locale pour la prise de contrôle de la ville balnéaire.

Il a renforcé le mythe du « gangster » à peu près au moment où il a cessé d’être le raffineur qui expédiait de l’héroïne aux États-Unis. La fameuse « French connection », le réseau de production et de distribution de médicaments, a été démantelée par les autorités des deux pays. Palerme – Sicile, Italie – est devenue plus tard l’un des centres du trafic international et a également rempli l’Europe de chevaux.

Jean Paul Belmondo et Alain Delon dans Borsalino
cinéma

la connexion américaine

En tant que réalisateur, passionné de cinéma français Guillaume Friedkin – qui n’appartient pas à sa génération – a sonné la cloche La connexion française. Contre l’empire de la drogue » (1971), inspiré de la « French Connection ». Le flic de la drogue Jimmy « Popeye » Doyle –Gène Hackman– se bat avec le capodastre – mieux dit, monsieur – de Marseille l’héroïne Alain Charnier –Ferdinand Koenig–, dans le quartier du premier, un New York gelé.

Ce classique élégant des années 70 a remporté cinq Oscars et a fait école. Alors tu seras sous-estimé Connexion française II (John Frankenheimer, 1975), à certains égards au sommet de l’original, plonge Popeye dans un Marseille étouffant. Vivant une sacrée vie perdue dans les recoins ébréchés de son esprit, il n’est plus un flic mais un exécuteur, un véritable méchant de l’histoire, son pire ennemi. Le style ‘French Connection’ se détend en plaisantant Traité de Marseille (1974), une distraction sur mesure Anthony Quinn, Michael Caine et James Mason.

Territoire Comanche

Bac Nord : Direction de la Police Judiciaire (2021), projeté hors compétition en Section Officielle de Cannes. Il est sorti dans les cinémas français peu de temps après, le 18 août, et a fait ses débuts au numéro un, recevant généralement de bonnes critiques. Sa caisse enregistreuse s’est jusqu’à présent fait discrète, un peu plus de deux millions d’euros de chiffre d’affaires, elle se vend à l’international Netflix. Réalise la Marseillaise Cédric Jiméneznous emmène dans la Marseille d’aujourd’hui, au nord de laquelle se trouvent les quartiers terrifiants contrôlés par les gangs, une poudrière.

La connexion française
La connexion française
cinéma

Nous suivons un groupe de trois agents de la BAC, la « Brigade Anti-Criminalité » de la Police Nationale Française dédiée à la lutte contre la petite et moyenne délinquance : Greg –Gilles Lellouche–, Antoine–François Civil– et Yass –Karim Leklou–. Humiliés et bouleversés émotionnellement, ils se retrouvent chaque jour face à face avec des personnes de toutes sortes, y compris des trafiquants d’êtres humains. Ils gèrent les pressions dans la rue, au bureau et à la maison. Leurs méthodes ont peu à voir avec les lois auxquelles ils ont juré, car la réalité est qu’au nord de Marseille, aucune ne s’applique : pour Jimenez, il est en guerre.

Un d’action et quelques dilemmes

Qu’est-ce que la vérité, où est la morale, qui est bon et qui est mauvais ? Les frontières ne sont jamais claires, et les flics seniors ne savent jamais quel est leur véritable rôle, eh bien, se couvrir le dos pour rentrer chez eux en vie. Ce sont des compagnons et des amis, des soldats dans une guerre dont ils savent qu’elle ne peut pas être gagnée parce qu’il semble que les avocats de la justice n’ont que peu d’intérêt à gagner. Le système ne compte que les batailles devant la galerie, les opérations à court terme et électives, où ce sont les marionnettes risquant leur peau. Ce ne sont plus des policiers, ils sont devenus autre chose. Ils le savent, tout comme les criminels auxquels ils sont confrontés.

Bac Nord : Direction de la Police Judiciaire (2021) est puissant et direct. C’est fait avec des griffes, ça vole, et ses séquences d’action véhiculent un suspense mâché. Inspiré d’une véritable affaire médiatique de 2012, dont l’enquête est toujours en cours, il refuse de s’attarder sur les complexités et les subtilités pour se concentrer sur l’émission. Jimenez a eu la coopération des agents impliqués pour écrire le scénario avec son collaborateur habituel et partenaire sentimental. Audrey Devan.

Toujours de 'BAC Nord
Toujours de ‘BAC Nord
cinéma

Cette année-là, il remporte le Lion d’Or au fête de Venise –le sixième réalisateur à le faire– pour L’événementqui ouvre en mars prochain. Il y a quelques années en Liaison marseillaise (2014), les cinéastes ont étoffé leur sobre chronique des années dorées de la French. Les deux titres illustrent deux règnes de la crapule dans la métropole : celui des « dealers » pur-sang en costume sur mesure qui traitaient avec les autorités, et celui des tribus de la drogue qui font respecter la loi de la jungle.

Ce n’est pas le seul film français récent sur Marseille et ses fléaux – des deux côtés de la loi – que l’on retrouve sur Netflix – avec Amazon, Apple TV et Disney+, ils investiront 20% de leurs revenus annuels dans des contenus français en réponse un nouveau règlement; Netflix à lui seul apporterait environ 200 millions d’euros : Bronx (2020) propose également une bonne dose d’action, de corruption policière et de trahison, mais c’est plus stéréotypé et stéréotypé, moins véridique.

Il ne se débarrasse pas du sensationnalisme qui semble limiter le travail de son réalisateur, Olivier Marshall, ancien policier de la police judiciaire de Versailles, est devenu cinéaste dans les années 1980. Il avait déjà fait le tour de Marseille dans l’un de ses films les plus personnels, basé sur une affaire qui a façonné sa carrière : monsieur 73 (2008), avec une excellente Daniel Auteil

Extrait de 'BAC Nord : Enquête criminelle'
Extrait de ‘BAC Nord : Enquête criminelle’
cinéma

Lever du soleil à Marseille

Est-ce que tout est perdu à Marseille ? Tom McCarthypas très clinquant, nous enseigne vital, naturaliste et humain – avec la permission de Robert Guediguianun autre cinéaste marseillais dressant le portrait de sa ville natale – en problème de sang (2021). Secrètement publié et ignoré, s’il était sorti à la fin des années 90, il aurait probablement eu un budget plus important et recueilli quelques nominations aux Oscars dans les principales catégories.

Il parle d’un choc culturel comme celui de Connexion française IIavec plus de nuances et dans un sens positif : le protagoniste est Bill – un grand Matt Damon– un Oklahoma au passé trouble, prototype de l’ouvrier du « Midwest » dont la fille purge une peine à Marseille pour meurtre. Dans la ville qui prive injustement la liberté de la personne qu’il aime le plus, Bill vit sa catharsis particulière. Malgré tout, la vibrante lumière méditerranéenne ne cesse de briller ici.

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Zacharie Morel

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