Ommic, quand une entreprise française fournit des technologies sensibles aux Chinois et aux Russes

Une entreprise française sous contrôle étranger a transmis illégalement des secrets industriels aux Chinois et aux Russes, révèle le journal Le Parisien. Des enquêtes sur la trahison, l'espionnage et d'autres crimes sont en cours.

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Avec une centaine de salariés et un siège social dans le Val-de-Marne, près de Paris, Ommic est l'une des rares entreprises en Europe à produire des semi-conducteurs, ces puces électroniques que l'on retrouve dans les objets connectés du quotidien. Mais ce n'est pas grâce à son savoir-faire industriel que l'entreprise apparaît aujourd'hui dans la presse française, et notamment dans les journaux. Le Parisien qui a révélé l'affaire ce mercredi.

Une réglementation extrêmement stricte

Grâce au développement d'une technologie innovante dont le secret est soigneusement gardé, les ingénieurs français ont réussi à inventer un modèle de puces performantes, performantes et potentiellement dangereuses, c'est pourquoi elles sont soumises à une réglementation extrêmement stricte.

La Défense nationale porte un grand intérêt à ces puces. En fait, ils sont utilisés dans les radars militaires des chars et des avions de combat, ainsi que dans les systèmes de guidage de missiles. « Une technologie sensible et stratégique », a déclaré un haut responsable du ministère de la Défense. Surtout dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Or, la Justice vient de révéler qu'Ommic était sous contrôle étranger depuis plusieurs années et transférait vers la Chine et la Russie des composants électroniques de pointe et des procédés technologiques sensibles, qu'ils utilisaient très probablement pour équiper leurs armées respectives.

Le mystérieux Ruodan Z.

Afin de mettre fin à cette fuite de secrets d'affaires, une opération judiciaire d'urgence a été menée le 21 mars 2023, au cours de laquelle neuf personnes ont été discrètement interpellées dans le cadre d'une enquête ouverte par le Parquet national antiterroriste dans son ressort. pour lutter contre la prolifération des armes de destruction massive.

L'enquête a révélé qu'un homme d'affaires chinois avait pris le contrôle d'Ommic. Ruodan Z., 63 ans, résident de Pékin, est devenu président de la société en janvier 2018 après avoir acquis 94 % des actions via un fonds d'investissement créé en France.

Ruodan Z. n'est jamais apparu dans Ommic. L'entreprise était dirigée par Marc R., un ancien ingénieur français, mais l'homme d'affaires chinois a installé des employés de confiance à des postes clés : son neveu et une femme connue en interne sous le nom de « vice-présidente ».

Marc R. et le « vice-président » chinois

Marc R., 74 ans, aurait lancé une série de stratégies pour livrer sciemment des puces puissantes et des informations sur des technologies sensibles à la Chine et à la Russie. Par ailleurs, sur instruction de Ruodan Z., une structure complexe a été créée pour transporter du matériel interdit vers Moscou et contourner l'embargo commercial imposé au pays depuis l'invasion de la Crimée.

Lors de sa garde à vue, Marc R. a reconnu certains des crimes mais a minimisé son implication. Il a décrit Ommic comme son « bébé » et a déclaré que les exportations russes, bien qu’illégales, étaient « vitales » pour la survie économique de l’entreprise. Le septuagénaire a déjà été relaxé par le tribunal d'instruction.

Le prétendu « vice-président » chinois d'Ommic, également accusé d'être impliqué dans ces transferts secrets et d'avoir tenté de copier toutes les données de l'entreprise, nie les crimes présumés et accuse Marc R. d'être responsable des exportations.

Trahison et espionnage

Marc R. et l'exécutif chinois sont accusés de « transmettre à une puissance étrangère des procédures, des documents ou des dossiers susceptibles de mettre en danger les intérêts fondamentaux de la nation ». Un crime de trahison et d'espionnage passible de 15 ans de prison.

L'enquête, désormais menée par deux juges antiterroristes et un juge de la place financière de Paris, comprend également des soupçons de contrebande, d'association de malfaiteurs, de faux et de détournement de fonds commerciaux…

Ruodan Z. n'est plus entré en France et est recherché. Grâce à la saisie de ses actions majoritaires, le tribunal a confié à l'Etat un mandat de gestion jusqu'à ce que l'entreprise soit revendue en juin à un industriel américain et qu'Ommic devienne Macom.

Malgier-Favager

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