Les camions français déposent leurs déchets dans les décharges de notre pays pour sauver

L’Espagne pourrait devenir la décharge du sud de la France si le transport de camions traversant nos frontières avec des déchets municipaux non traités, parfois dangereux, en provenance de communes françaises pour être enfouis dans des décharges espagnoles, notamment en Aragon, se poursuit.

Et bien que ces données soient une estimation, des contrôles aléatoires effectués par les forces de sécurité espagnoles et françaises montrent ce résultat : un camion sur trois intercepté à la frontière avec l’Espagne transporte des déchets illégaux.

Pour prévenir ou du moins contenir cela, la Guardia Civil et la Gendarmerie française ont lancé en 2022 l’opération conjointe Augenias pour le contrôle transfrontalier du commerce des déchets, avec un accent particulier sur Irun (Gipúzcoa).

Le commandant Carlos Astrain, de l’Unité Centrale d’Environnement Opérationnel (UCOMA) de Seprona, en a parlé avec EFE, qui rappelle que le but de ce dispositif est d’obtenir des informations qui conduiront finalement à l’ouverture d’enquêtes plus spécifiques.

Il y en a déjà eu, comme la soi-disant « Poubelle », signalée le mois dernier par la Guardia Civil et qui a conduit au démantèlement d’une organisation criminelle qui aurait gagné 16 millions d’euros depuis 2020 après que des sociétés françaises de collecte de déchets aient fait appel à leurs services. pour être éliminé et enterré dans une décharge à Saragosse.

Une bonne affaire

Pourquoi est-ce une bonne affaire de ramener en Espagne les déchets – non traités ou triés – que les Français jettent dans les containers de leurs collectivités de la région bordelaise, de la Côte d’Azur ou du Pays Basque français ?

L’explication est simple. En France, la gestion d’une tonne de déchets municipaux, c’est-à-dire son traitement et son élimination, coûte 250 euros, dont 50 euros de taxes. En Espagne, le coût TTC est de 40 euros.

C’est pourquoi les groupes organisés qui ont vu la richesse de cette activité illégale ont très bien fait le calcul : un camion transportant 20 tonnes de déchets paierait 5 000 euros de gestion en France, taxes comprises (20 tonnes). pour 250 euros pièce).

En Espagne, le coût serait d’environ 800 (20 tonnes pour 40 euros pièce).

La soustraction est facile. Et si l’on déduit les frais de carburant et le salaire du chauffeur, les chercheurs estiment que les organisations criminelles peuvent réaliser un bénéfice d’un peu plus de 3 000 euros par camion. Avec une entrée quotidienne de 10 à 20 véhicules, le bénéfice s’élèverait à 30 000 à 60 000 euros par jour.

C’est un calcul à la baisse. Car, comme l’explique Astrain, lors des contrôles effectués par la Gendarmerie et la Garde Civile dans le cadre de l’Opération Augenias – ils sont effectués plusieurs fois par an pendant trois jours – sur 120 camions interceptés par les agents, entre 35 et 45 ont été pour le transport des déchets non traités déclarés.

La zone avec le plus grand afflux de camions est la frontière avec Irun, comme l’ont confirmé ces contrôles.

Camouflé derrière une première couche de déchets « légaux »

Selon les enquêtes menées, le « modus operandi » établi révèle l’existence d’entreprises françaises et espagnoles, en l’occurrence principalement situées en Catalogne et en Aragon, qui exercent cette activité illégale en utilisant des méthodes apparemment légales.

Dans le cas de la France, il s’agit d’entreprises concessionnaires de collecte des déchets ménagers qui, en accord avec d’autres entreprises espagnoles, transportent les déchets municipaux vers notre pays sans les éliminer au préalable, de manière à ce que l’on puisse tout trouver parmi elles, à commencer par avec les pots de peinture, les piles, les solvants, les produits de nettoyage, etc. Certains d’entre eux sont très toxiques.

Astrain rappelle à EFE que la législation espagnole et européenne interdit l’importation en Espagne de déchets de ce type en provenance d’autres pays, avec le principe que chaque pays doit assumer sa responsabilité.

Oui, les personnes qui ont déjà été soignées peuvent entrer. Les organisations criminelles font donc semblant de le faire et fournissent les documents correspondants.

Et pour que tout semble légal et puisse passer le contrôle en cas d’interception, les premières couches de la cargaison sont des déchets non dangereux comme du papier ou du carton, qui sont transportés comme classés et peuvent donc être enfouis dans une décharge espagnole. Dans d’autres cas, il s’agit de décombres de construction.

Cependant, les déchets municipaux non traités se trouvent sous ces couches.

Dans tous les cas, en cas de découverte, c’est la sanction administrative correspondante qui sera imposée par la Communauté Autonome compétente. Mais cette amende, bien que élevée, ne freine pas les activités lucratives déjà entre les mains des groupes criminels.

Problème environnemental pour l’Espagne, problème fiscal pour la France

Pour l’Espagne, cette activité représente un problème environnemental majeur. L’enfouissement de tonnes de déchets non traités, comme cela se fait dans la décharge de Saragosse, peut causer des dommages importants aux écosystèmes et à la santé de la population à proximité de ces installations.

Il existe déjà des exemples de dommages sanitaires causés par des activités similaires en Italie.

Pour la France, le problème est fiscal, puisque de grosses sommes d’euros n’arriveront plus au trésor public si ces entreprises ne paient pas d’impôts.

La Guardia Civil et surtout Seprona ont fait de la lutte contre le commerce des déchets une de leurs priorités, tout comme la Gendarmerie française.

Les délits environnementaux, notamment le trafic d’ordures, constituent déjà le quatrième crime le plus important au monde, après le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains et la contrefaçon.

Selon les études actuelles, dans la seule Union européenne, le commerce illégal de déchets génère des revenus compris entre 4 000 et 15 000 millions d’euros par an.

Zacharie Morel

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