L’UE reporte à novembre la décision de prolonger l’utilisation de l’herbicide controversé glyphosate | Climat et environnement

Manifestations de soutien au maire Daniel Cueff, poursuivi en justice par le gouvernement français pour sa politique anti-pesticides à Rennes, France, le 14 octobre 2019.Vernault Quentin (NurPhoto/Getty Images)

La forte division au sein de l’UE provoquée par le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé en Europe mais en même temps l’un des plus controversés, est devenue claire ce vendredi à Bruxelles, où la majorité qualifiée requise des 27 députés n’a pas été atteinte ni celle du Parlement européen. La Commission européenne a approuvé ou rejeté la prolongation de l’utilisation de cette substance pour une période supplémentaire de dix ans.

Compte tenu du statu quol’exécutif européen a décidé de reporter le nouveau vote à la mi-novembre. Bruxelles souhaite une décision avant le 15 décembre, date à laquelle expire l’autorisation actuelle – que le conseil communal pourra finalement prononcer lui-même s’il manque encore un accord.

La Commission a confirmé que le comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (Scopaff), qui l’assiste dans l’élaboration des mesures alimentaires et au sein duquel tous les États membres sont représentés, n’a pas pu se réunir lors de sa réunion de vendredi. (55 % des membres de l’UE représentent au moins 65 % de la population totale du bloc) n’est ni d’accord ni contre la proposition. Alors que l’Espagne a exprimé son soutien à la reprise de l’utilisation du glyphosate, d’autres pays clés, dont l’Allemagne et la France – où il y a eu une forte mobilisation citoyenne contre le glyphosate ces dernières années – se sont abstenus, ce qui compte comme une voix dissidente aux fins du décompte.

Compte tenu de la situation, Bruxelles a décidé de saisir la commission de recours, qui doit voter sur l’initiative « dans la première quinzaine de novembre ». Si cette commission ne parvient pas encore à débloquer le vote, c’est la commission qui tranchera en fin de compte, a déclaré un porte-parole ce vendredi.

Dans des déclarations à l’Agence France Presse, le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, a justifié le vote négatif de Paris : « Depuis le début, nous avons dit que la proposition de la Commission, dans sa formulation, n’était pas conforme à la ligne directrice ». [francesa] limiter son utilisation là où il existe des alternatives pour garantir qu’il y ait moins de glyphosate », a-t-il expliqué. La France, première puissance agricole de l’UE, souhaite voir « une harmonisation de cette position au niveau européen » pour éviter une concurrence déloyale, a-t-il ajouté.

Au contraire, l’Espagne a plaidé en faveur d’une prolongation car « les informations scientifiques et les rapports d’évaluation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dissipent les doutes existants sur la sécurité de cette substance active », selon des sources agricoles.

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Le président de la commission de l’environnement du Parlement européen, également le Français Pascal Canfin, a appelé la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à « modifier cette proposition inacceptable ».

Mais si Bruxelles se dit ouverte aux « discussions », elle affirme que la proposition envoyée aux Vingt-Sept contient déjà les « restrictions et conditions » nécessaires et la considère comme une « bonne proposition ».

« Pour le moment, et compte tenu du fait que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de nombreux collègues de différents pays ont analysé des montagnes de rapports et d’études scientifiques, nous pensons avoir une bonne proposition », a souligné le porte-parole.

La discussion sur l’utilisation du glycophate remonte à 2015

Lors d’un débat sur le glyphosate lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg la semaine dernière, la commissaire à la sécurité alimentaire Stella Kyriakides a reconnu la scission au sein des Vingt-Sept, mais a rappelé que même si le renouvellement de l’autorisation allait de l’avant, « les États membres ont la possibilité de restreindre l’utilisation de produits de protection des sols, y compris le glycophate, au niveau national ou régional s’ils le jugent nécessaire pour protéger la biodiversité.

En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé a classé le glyphosate comme « probablement cancérigène pour l’homme », une catégorie qui inclut la viande rouge. Mais les autorités européennes rejettent cette décision. L’année dernière, le comité d’évaluation des risques de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a refusé de modifier la classification actuelle du glyphosate – considéré comme « nocif pour les yeux » et « toxique pour la vie aquatique » – mais, comme il l’a souligné, n’est pas cancérigène. « Sur la base d’un examen complet des preuves scientifiques, le comité conclut une fois de plus que la classification du glyphosate comme cancérigène n’est pas justifiée », a indiqué l’agence dans un communiqué.

Les différentes évaluations de la communauté scientifique sur les risques que le glyphosate peut faire peser sur la santé et la biodiversité ont donné lieu à un débat social intense et à une forte mobilisation citoyenne dans de nombreuses régions du monde. En Europe, en 2017, l’initiative citoyenne Stop Glyphosate a réussi à recueillir plus d’un million de signatures, nécessaires pour que la Commission européenne – dont l’équipe a été renouvelée deux ans plus tard, après les élections européennes de 2019 – prenne en compte ses arguments. A la veille de la décision de vendredi, un autre mouvement de protestation citoyenne en France a recueilli plus d’un demi-million de signatures pour rejeter la prolongation de l’approbation des herbicides.

L’Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL), opposée à l’expansion du glyphosate, a souligné après l’échec du premier vote que cela « montre qu’il est devenu politiquement impossible d’ignorer les preuves scientifiques sur les effets de cette substance sur la santé ». ce vote, a expliqué Natacha Cingotti, directrice du programme Santé et produits chimiques, signifie que « les États membres ont une nouvelle chance de protéger les générations actuelles et nouvelles des dommages évitables en interdisant le glyphosate le plus rapidement possible ».

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Manon Rousseau

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