Le débat sur l’interdiction de la corrida revient sur la scène politique française

Cette semaine, l’Assemblée nationale débat d’un projet de loi visant à interdire la corrida, légale dans trois régions françaises. Plus de 200 députés, sénateurs et élus locaux signent une tribune dénonçant que les traditions françaises sont la cible d’un « éco-totalitarisme ».

Premier changement :

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Le député antispéciste Aymeric Caron, issu de la coalition de gauche Nupes, présentera ce jeudi à ses collègues du Parlement le projet de loi visant à mettre fin à la corrida. Une proposition qui a reçu le soutien de plusieurs associations manifestant à Paris ce samedi.

« La mort n’est pas une tradition, nous voulons l’abolition », ont crié les manifestants. Un projet de loi que l’actrice Brigitte Bardot soutient également avec sa fondation pour les animaux. Cependant, il est peu probable que cette loi soit adoptée car elle a déjà subi un premier revers au sein de la Commission des lois.

Les amateurs de tauromachie ont, quant à eux, manifesté dans une tribune publiée dans le journal français. Le Journal du Dimanche. « Interdire la corrida, c’est interdire une culture et humilier une partie de nos compatriotes. Nous ne l’accepterons pas », a déclaré la tribune, signée par 218 dirigeants politiques, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner et Charles Dayot, maire de Mont-de-Marsan, une ville des Landes françaises avec une grande tradition taurine.

En France, la tauromachie est protégée par l’article 521-1 du Code pénal, qui prévoit une dérogation au nom des « traditions locales ininterrompues ». Elle est autorisée dans certaines zones où la pratique est considérée comme patrimoniale. Il existe trois régions où c’est légal : la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Le débat sur la tauromachie n’est pas exclusivement français. Même dans d’autres pays comme l’Espagne, le Portugal, le Pérou, le Mexique, la Colombie, l’Équateur et le Venezuela, où la tradition est bien plus ancienne que la France, des débats sont en cours pour savoir si les corridas devraient être interdites au nom des droits des animaux, selon leurs critiques Selon eux, ils sont soumis à la cruauté dans les arènes.

En Espagne, la question relève des gouvernements régionaux, des communautés autonomes. C’est pour cette raison que la législation change d’une région à l’autre. La corrida a été interdite en Catalogne en juillet 2010. Une décision plus tard, six ans plus tard, a été déclarée invalide par la Cour constitutionnelle, mais il n’y a pratiquement plus de corridas dans la région. La corrida n’était pas interdite aux îles Baléares, mais tuer le taureau l’était.

Au Portugal voisin, l’abattage des taureaux a été interdit en 1928, mais les corridas sont toujours très populaires. À tel point que la possibilité de tuer le taureau a été réintroduite à certains endroits.


Les corridas affichent complet en Amérique Latine

Avec Pauline Rouquette de France24

De l’autre côté de l’Atlantique, la corrida n’est plus aussi populaire depuis quelques temps. C’est le cas à Cuba, au Chili, en Argentine, en Uruguay et au Paraguay, où la pratique introduite par les conquérants au XVIe siècle a été interdite trois siècles plus tard et a donc déjà disparu. Il est interdit au Panama depuis 2012.

Malgré leur abolition en 1894, les corridas continuent d’être pratiquées au Venezuela, quoique de manière relative, puisque depuis 2016 elles ne sont effectivement organisées que dans deux provinces (Táchira et Mérida à l’ouest). Dans les grandes villes, notamment dans la capitale Caracas, cette pratique a été complètement abandonnée.

Il y a eu plusieurs tentatives pour abolir la corrida en Colombie, mais elles n’ont jamais abouti. Dans certaines grandes villes, les corridas continuent d’avoir lieu avec la mort de l’animal. Mais la situation pourrait aussi changer rapidement dans ce pays d’Amérique du Sud, puisque le nouveau président Gustavo Petro s’est déclaré un ardent opposant à la corrida. Un projet de loi visant à interdire la corrida a déjà été déposé.

L’Équateur s’oriente également progressivement vers l’abolition. Depuis 2021, la capitale Quito interdit tout « spectacle public ou privé impliquant des souffrances, des maltraitances, la mort ou une atteinte au bien-être animal ». Sur ce, les corridas et les combats de coqs étaient terminés.

A Mexico, au Mexique, qui abrite les plus grandes arènes du monde pouvant accueillir jusqu’à 50 000 spectateurs, cette pratique a été suspendue en juin dernier par un juge qui devait se prononcer sur une plainte d’une association rivale. Cinq des 32 États mexicains ont déjà interdit ces émissions.

Au Pérou, cependant, la tradition taurine reste vivante. Début 2020, la Cour constitutionnelle a rejeté un recours collectif réclamant l’interdiction des corridas et des combats de coqs au motif qu’il n’existait « pas de Déclaration universelle des droits des animaux ».

Adrien Richard

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